vendredi 4 juin 2010

Part. 1

Début de l'été, je recherche un teint hâlé
Les images placardées pendant ces longs mois d'hiver
Des visages de basanés
Ca me fait penser au sable chaud, à la mer,
Un palmier, un petit nègre au large sourire
Club méditerranée , j'ai déjà les orteils dans l'eau.
J'ai envie d'exotisme, envie de voyager, deux , trois stations de métro je suis déjà à Bamako, on l'appelle aussi Château D'eau.

CHA-TEAU-DEAU

CHATODO !


Oui mais c'est pas pareil, ils ne sont pas pieds nus. Bizarre, bizarre, me serais-je trompé de destination.

Pourtant ca à l'air tout comme, le bruit et l'odeur. Aigreur, ca me pique le nez.

Ils mangent avec les mains, me voilà rassuré.

Je cherche, tant bien que mal des gens avec qui partager mon temps, personne à l'horizon, nous sommes si différents. Je fais quelque photo mais le cœur n'y est pas, je n'ai pas de beau coucher de soleil à envoyer.



L'africanisation, ou la perte d'une culture.


On en parlait hier avec Jocelyn, de ce problème d'identité, de cette quête d'identité, de reconnaissance. On se disait que finalement on était pas si mal lotit.

Je lui racontait mon histoire, enfin ce que j'en connais. L'histoire d'un pays qui m'est lié.

L'histoire d'un pays colonisé. Ce pays dont la transmission se faisait plus par l'oral que par l'écrit. Puis vint la colonisation, l'extinction, l'extermination, de ce pays dont le fonctionnement était basé sur les traditions. Tabula rasa. On a remis les compteurs à zéro, admis que ce pays était un département français, une prolongation, la démonstration du pouvoir conquérant.

Puis on est parti. Ne laissant plus rien à ce pays pour se reconstruire, le laissant dépendant malgré l'indépendance, sous la tutelle de la France.


J'y suis allée récemment, à Chatodo, me refaire une beauté, ca coute pas cher. J'ai discuté avec le gérant, il m'a demandé si j'étais étudiante, je lui ai répondu que j'étais beaux arts du Mans. « ah! Une artiste, tu fais de la peinture » . Je lui ai répondu que oui, mais que ce n'était pas le médium dans lequel j'étais le plus à l'aise, puis il m'a demandé une peinture pour la prochaine fois, pour mettre dans son salon. Une belle peinture, comme celles qu'il a déjà. Camaïeu ocre, jaune, terre, rouge, avec des figures noires chétives.


C'est donc ça l'image de l'Afrique?


Je me rappelle de mon voyage au pays, je me rappelle des marchés, je me rappelle des même couleurs que l'on trouve ici sur papier glacé, des mêmes peintures, des mêmes souvenirs. Les mêmes images.

Il n'y a plus de culture, seulement le reflet de ce que les tuteurs ont laissé. Ils ont perdu leur identité. Ils croient en leurs mensonges.

Le grand noir rachitique, débile, sans vigueur qui se laisse malmener. Il se tient droit mais ce n'est qu'un leurre.


Je suis une bouture.

Une pousse prise sur une plante et placée en terre. Un autre terre.

Je suis une fille d'immigré. Il m'a fallu du temps pour réaliser, ce que ca pouvait signifier.

Non ne me regardez pas comme ça, c'est pas de ma faute, c'est mon père, il était rapatrié sanitaire. Ah bah oui, quand on garde sous le coude une ancienne colonie, on en a la charge, la responsabilité. Trop lourde.

Puis il a rencontré ma mère, à l'hôpital. Certainement charmée par l'Exotique.


Je suis une fille d'immigré, pas la même que celui qui a traversé la mer Méditerranée.


On a pas la même histoire. J'ai mon histoire.


Voilà pourquoi, le communautarisme, je n'y crois pas. Ils ne peuvent pas comprendre. Il ne peuvent pas comprendre que ce qui est d'africain chez moi ce n'est que le nom.

Et je ris d'eux. Parce que finalement en revendiquant leur négritude, ils acceptent de s'assimiler, ils rejettent leur identité, leur singularité. La négritude de Sanghor n'est plus. Aujourd'hui elle a des accents d'outre atlantique. Aujourd'hui on revendique sa négritude à travers des produits bons marchés, importés, américanisés.

Le schéma se reproduit, le grand noir n'est plus toujours chétifs, mais il est manipulé. Le pantin est un reflet, il n'existe pas physiquement